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Les seniors et
l'engagement
climatique

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Photo originale : Third Act ©

Etude. Les seniors ont parfois la réputation d'être peu concernés et mobilisés sur les enjeux environnementaux. Dans cette étude inédite, qui croise analyse quantitative et entretiens qualitatifs, nous passons en revue le niveau de connaissances, les pratiques écologiques consenties ou non par la génération des baby-boomers (65-80 ans), mais surtout leur rôle spécifique dans la transition écologique et leur potentiel de mobilisation. A bien des égards, cette étude déconstruit l'idée d'une jeune génération climat engagée et de seniors en retrait.

Octobre 2025

Contact presse : Ludivine Préneron : 06.71.14.06.37

Leurs engagements : une écologie discrète mais décisive

Loin des clichés de l'inaction, le niveau d'engagement et de soutien aux enjeux environnementaux des seniors est semblable à celui du reste de la population, mais selon des modalités d'action propres à leur génération. Près de 29 % placent l’environnement et le climat dans leurs trois priorités pour la France, soit davantage que les moins de 35 ans (24 %). Ils expriment une attente claire à l’égard du politique : 57 % estiment qu’il faut avant tout des règles collectives pour limiter les comportements nocifs pour l’environnement, même si cela restreint les choix individuels (contre 51 % chez les moins de 35 ans). En moyenne, ils soutiennent neuf mesures publiques sur treize testées, avec une adhésion marquée pour celles qui encadrent et réglementent.

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Les seniors ont également un certain nombre de pratiques quotidiennes héritées de leur enfance qui correspondent à un mode de vie dit "écologique", comme privilégier la consommation locale et de saison, acheter moins, réparer, faire soi-même, ou encore réduire ses dépenses énergétiques. Mais il dépasse largement ces gestes individuels. Ils sont vent debout contre l'hyperconsommation, soutiennent financièrement les ONG, signent des pétitions et, surtout, font vivre une part essentielle du tissu associatif. Par leur temps, leur constance et leur capacité à organiser la vie collective, ils incarnent une forme d’écologie moins visible, mais structurante.
 

 

L'importance de la transmission : une inquiétude tournée vers les générations futures

 

Si 37 % des seniors expriment encore un doute sur l’origine strictement anthropique du changement climatique, sa réalité ne fait pas débat et ses effets sont jugés préoccupants : sept sur dix estiment qu’il sera très préjudiciable pour les générations futures. Cette inquiétude se projette d’abord sur leurs enfants et petits-enfants, dont ils redoutent la dégradation des conditions de vie à venir.

Pour beaucoup, les impacts les plus graves se manifesteront surtout « plus tard », ce qui déplace l’angoisse vers la transmission et la responsabilité intergénérationnelle. Leur génération dit avoir « profité sans savoir », sans pour autant se sentir coupable : prise dans un système consumériste qu’elle n’avait pas choisi, elle en mesure aujourd’hui les limites. Pour certains, leur inquiétude se traduit ainsi moins par la culpabilité que par la volonté de transmettre et de participer à la réparation, autour d’un enjeu central : léguer une société et une planète vivable, dans les mêmes proportions que le reste de la population.

Seniors engagés : une pluralité d'engagements collectifs pratiqués ; des parcours de vie qui ont influencé leur sensibilité environnementale
 

Qu’il s’agisse de leur éducation, de moments marquants de leur vie personnelle, d'oeuvres culturelles (films, lectures) ou du contexte sociétal (crise climatique), ces éléments ont concouru, souvent de manière cumulative, à forger la conscience environnementale, les pratiques et les modes de vie des seniors les plus engagés. Dans le détail, on relève une grande diversité de parcours et d'engagements que nous pouvons structurer en trois catégories :

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Regard sur les mouvements de soutien à l'échelle internationale : quand les seniors se regroupent pour participer au mouvement
 

En Amérique du Nord, en Asie, comme en Europe, des seniors se regroupent pour participer au mouvement de lutte contre le changement climatique, mobilisant deux motivations principales : préserver les conditions de vie des générations futures et préserver le patrimoine naturel. Aux US, Third Act regroupe plus de 70 000 seniors et lutte contre le financement des énergies fossiles par les banques ; en Suisse, Les Aînées pour le climat (+ de 2500 femmes) ont assigné, avec succès, l'état en justice pour inaction climatique ; en Chine, une mobilisation de 3000 femmes retraitées sensibilise la population via des chansons populaires et des opérations de ramassage de déchets.

Une nécessité : élargir la conception de l'engagement et du soutien aux enjeux écologiques

 

Cette étude nous enseigne et nous rappelle qu’il n’existe pas une seule manière d’apporter son soutien et de mettre en œuvre l’écologie. Les seniors en offrent une nouvelle preuve : leur engagement passe par des formes variées, de la sobriété héritée de leur éducation à l’implication associative, en passant par la défense du collectif et le soutien aux règles publiques. S’ils ne sont pas, en proportion, plus engagés que le reste de la population, reconnaître et valoriser cette pluralité est essentiel pour élargir le mouvement et construire un « pivot majoritaire » capable d’inclure toutes les générations.

 

Sortir des représentations étroites qui cantonnent l’écologie à certains gestes individuels ou aux mobilisations visibles permettrait d’intégrer pleinement ces acteurs essentiels, qui incarnent une philosophie de vie faite de modération et de solidarité, autrement dit de ce que les plus jeunes appellent sobriété et justice sociale. Entre générations, les mots et les pratiques diffèrent, mais les aspirations convergent.

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