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Dix ans après Laudato Si, où en est l’écologie chez les catholiques ?

  • Photo du rédacteur: Amélie Deloffre
    Amélie Deloffre
  • il y a 3 jours
  • 3 min de lecture

Actu. Dix ans après la promulgation de l’encyclique Laudato Si par le défunt pape François, une écologie catholique continue de s’affirmer. Notre étude de 2023 révèle les particularités de ce groupe, et les enjeux auxquels il fait face.



Il y a un “avant” et un “après” Laudato Si pour l’écologie catholique. 44% des catholiques pratiquants ont entendu parler de l’encyclique Laudato Si (mais également 26% de l’ensemble des Français), et parmi eux, 17% savent très précisément de quoi il s’agit (source : étude Parlons Climat - A Rocha, 2023). Ces chiffres illustrent le retentissement dans la communauté catholique (et au-delà) de ce texte promulgué en juin 2015, soit six mois avant la conférence sur le climat de Paris (COP21), par le défunt pape François. Laudato Si a notamment fait émerger des mouvements rassemblant plusieurs centaines d’organisations catholiques et environnementales à travers le monde. 


Quel impact sur la sensibilité environnementale des catholiques français ? Notre étude sur les chrétiens (catholiques et protestants) réalisée en 2023 montre clairement que les catholiques ont aujourd’hui conscience de la crise environnementale et de ses implications. Une majorité (65% des catholiques pratiquants) estime que le changement climatique est principalement dû à l’activité humaine (un chiffre comparable à la population générale). 85% sont d’accord avec le fait “qu’il faut changer nos modes de vie radicalement dès maintenant pour lutter contre la dégradation de l’environnement et le changement climatique”.



Catholicisme et écologie : un lien bien existant


L’étude révèle aussi que les deux sujets - sensibilité à l’environnement et religion catholique - se répondent plus qu’ils ne s’opposent pour les pratiquants : 

  • 90% des catholiques pratiquants considèrent que “prendre soin de la Terre c’est aussi prendre soin de son prochain” ;

  • 70% considèrent que la Bible contient de nombreux passages en lien avec la protection de l’environnement ;

  • Plus de la moitié des catholiques pratiquants estiment que c’est le rôle de l’Eglise de parler d'environnement et de changement climatique.


La place spécifique de l’humain, enjeu clé de l’écologie catholique


Si un catholique sur deux fait le lien entre ses convictions écologiques et sa spiritualité, l’étude dessine aussi les contours d’une écologie catholique freinée par la question de la place de l’humain :


  • Une vision très anthropocentrée de l’environnement : 68% des catholiques pratiquants sont ainsi d’accord avec l’idée selon laquelle la nature serait une ressource à disposition de l’être humain ;


  • Une crainte d’une sacralisation excessive de la nature : près de la moitié des répondants sont d’accord avec l'affirmation selon laquelle “L’écologie est une nouvelle religion qui sacralise la nature et nie à l’être humain sa place unique dans la Création”.


Ainsi, on voit bien que cette question théologique reste centrale pour bien articuler catholicisme et écologie.


Deux catégories de catholiques à mobiliser sur l’environnement : les jeunes de la génération Laudato Si et les “éco-cathos” de la première heure



Les catholiques français sont des millions et ne sont donc évidemment pas un groupe homogène. Selon les profils, le rapport à l’environnement varie. Dans notre étude, sur la base d’analyses statistiques, nous identifions deux “sous-groupes” particulièrement mobilisables sur les sujets de l’environnement : les “éco-cathos de la première heure” et les jeunes de la “Génération Laudato Si”. 


Ces deux types de catholiques ont en commun une conviction plus forte que la moyenne que c’est le rôle de l’Église de parler des sujets environnementaux. 72% du segment “Génération Laudato-Si” voient l’Eglise comme pertinente sur les questions environnementales, c’est le cas pour 61% des “éco-cathos” (contre 52% en moyenne pour les catholiques). 


Les éco-cathos de la première heure. Ce groupe, constitué d’une majorité de personnes de 50 ans et plus, au profil CSP +, affiche une écologie solide. A rebours des autres catholiques, ils s’opposent massivement à l’idée que la nature soit une ressource à disposition de l’être humain (80% vs 32% en moyenne). Ils sont aussi les plus nombreux (93% vs 85% en moyenne) à reconnaître que des changements radicaux de modes de vie sont nécessaires. Ce groupe est aussi le plus distant de l’Église et des pratiques religieuses. Des catholiques désinstitutionnalisés mais pour lesquels la parole de l'Église sur l’écologie est particulièrement attendue. 


La génération “Laudato Si”. Très pratiquants et proches de l’Eglise, ces catholiques plutôt jeunes (28% ont moins de 30 ans) affichent une forte volonté d’agir face aux enjeux environnementaux. 82% (vs 62% des catholiques en moyenne) disent qu’ils pourraient en faire plus. Mais c’est aussi le groupe le plus désemparé : 76% déclarent ne pas savoir quoi faire (contre 53% en moyenne). Ils renvoient plus facilement la balle vers d’autres acteurs, et notamment vers des solutions technologiques, qu’ils sont 80% à soutenir (contre 58% en moyenne). Un groupe de jeunes très pratiquants pour lesquels l’Eglise doit avoir une parole sur les sujets climatique et environnementaux.




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