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A propos de la transition agricole :
Je considère moins que la moyenne que l'agriculture est respectueuse de l'environnement et je suis le groupe le moins en soutien de l'agriculture bio.

A propos de la transition alimentaire :
Je suis le groupe le moins disposé à réduire ma consommation de viande. Quand je le fais, c'est avant tout pour des raisons financières.

Ce travail repose sur la segmentation de Destin Commun en 6 familles de valeurs.

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 1. Rapport à l'agriculture : une forte identification aux agriculteurs

Les Laissés pour compte s'identifient aux petits agriculteurs dans ce qu’ils vivent : travail comme valeur importante, manque de reconnaissance, sentiment de déclassement, de ne pas être assez soutenus et aidés, défiance vis-à-vis de l’État.


Ils voient avec méfiance toute forme d’ouverture et de mise en concurrence. Ils déplorent ainsi un manque de soutien et de reconnaissance des agriculteurs qu’ils perçoivent comme victimes d’un système injuste et dont les intérêts ne sont pas bien représentés : 86% les pensent en souffrance, seulement 31% les pensent soutenus ou aidés.

Selon eux, la politique agricole devrait davantage favoriser les circuits courts, préserver le bien-être animal, mais aussi protéger nos frontières contre l’import de produits ne respectant pas nos normes. Et parce que les agriculteurs sont en souffrance, il faut soutenir leur revenu.

L’agriculture constitue un repère identitaire important pour les Laissés pour compte : 92% déclarent que l’agriculture est une composante importante de l'identité de la France (contre 87% en moyenne dans la population française). Toutefois, ils sont défiants vis-à-vis du système, de ce qui est “gros” et considéré comme “marketing”. L’industrie agro-alimentaire et les grandes exploitations ont en effet une image particulièrement mauvaise.

Leur faible soutien à l’agriculture biologique tient à une forme de défiance vis-à-vis du système.

La bio est un concept flou, dont les Laissés pour compte se méfient, mais dans le même temps, ils sont très en soutien d’une agriculture sans pesticides, produite localement, assurant des revenus aux agriculteurs. 

 2. Rapport à l'alimentation : des changements alimentaires en partie freinés par le prix

Avec une préoccupation majeure pour leur pouvoir d'achat, les Laissés pour compte sont moins enclins à changer leur alimentation, fortement dépendante du critère prix. Mais le prix ne doit toutefois pas effacer l’importance accordée à la provenance et aux circuits-courts. L’attachement à la qualité reste en effet important dans la mesure où 50% des Laissés pour compte considèrent que la composition des produits d’alimentation est déterminante dans le choix d’achat.

Leurs habitudes alimentaires évoluent peu fautes de moyens. À ce titre, notons que, si les Laissés pour compte expriment une grande empathie, voire s’identifient aux agriculteurs dans les défis auxquels ils font face, ce n’est pas pour autant que les mobilisations de l’hiver 2024 les ont particulièrement incités à faire évoluer leur manière de consommer. En effet, ils ne sont que 16% à indiquer que ces mobilisations ont changé leur manière de consommer de façon importante. 
 

L’engagement dans les transitions alimentaires n’est donc pas évident pour les Laissés pour compte et il est d’ailleurs notable que c’est la famille de valeurs qui a le moins entendu parler d’alimentation ces derniers mois. 
 

La baisse de la consommation de viande, si elle est effectivement déclarée par une majorité, reste vécue comme une contrainte faute de mieux. Aucun lien n’est fait avec la protection de l’environnement, ce qui compte, c’est de pouvoir accéder à ce qui est désiré, en revanche, la question du bien-être animal comme raison de la baisse de la consommation de viande est un argument porteur. Mais au-delà, il y a un goût populaire pour la viande : sa dimension hédonique, la préférence gustative, la nécessité du corps (pour le développement des enfants, pour les adultes, pour les corps masculins), le symbole de conquête sociale (aisance financière) sont autant de facteurs qui font de la viande un artefact qui concentre des représentations fortes (Faustine Reigner, séminaire Transitions alimentaires et classes sociales).

A titre d'exemple, une participante à un focus group explique comment ses contraintes financières l'amènent à manger moins de viande, et de meilleure qualité : 
"Je ne mange plus trop de viande parce que c'est cher. Du coup, quand je vais en manger, si c'est au restaurant, je vais prendre une bonne viande plutôt que de manger la viande du supermarché sous vide qui vient d'un cheptel qui a passé sa vie enfermée."
(Femme, 46 ans, infirmière en psychiatrie)

On note toutefois un intérêt pour le local, ce qui a taille humaine. Même s’ils constituent la population la moins prête à payer plus cher un produit, pour quelque raison que ce soit, l’argument du local est celui qui suscite le plus d’adhésion : 64% sont prêts à payer plus cher du local.

L’accès à l’alimentation reste ainsi un sujet clé pour eux et à choisir, faisant l’hypothèse d’un accroissement de revenu de 50€ par personne et par mois, les Laissés pour compte iraient plus volontiers dans une grande surface de type hyper ou supermarché que dans un magasin de produits bio par exemple. 

 3. Recommandations : comment leur parler d'agriculture et d'alimentation ? 

Opportunités sur lesquelles s’appuyer :

  • Valoriser les pratiques déjà en place : autoproduction, réduction du gaspillage, des déchets, consommation de produits de saison.
     

  • Capitaliser sur le “faire soi-même” et le goût de cuisiner pour apporter des preuves de l’intérêt des plats cuisinés sans viande ; mettre la lumière sur une démarche valorisante socialement, la cuisine.
     

  • Relier transition alimentaire, pouvoir d’achat et préoccupation pour la santé.

  • Miser sur la proximité qui rassure. Le local est gage de confiance et constitue un levier important de l’acte d’achat des Laissés pour compte. Si le prix reste le premier déterminant, il s’agit de faire la démonstration que l’achat local est le meilleur choix : qualité des matières premières, garantie sur la composition des aliments, garantie d’aucune marge abusive. 

Écueils à éviter :

  • Ne pas donner le sentiment d’imposer une norme par le haut. L’alimentation durable est une notion peu définie, il faut bien délimiter son usage, voire trouver de nouveaux mots pour en parler.
     

  • Ne pas générer de frustration en allant à l’encontre des aspirations, notamment sur la viande : éviter les discours péremptoires, certains éprouvent de la culpabilité à ne pas pouvoir mettre de la viande sur la table commune.
     

  • Le “local” est un argument abondamment utilisé par les industriels, dont le sens est galvaudé.



     

Déplacements à opérer :​​
 

  • Passer d’un discours incitant à l’alimentation végétarienne à la mise en avant d’alternatives désirables à la viande, riches en goût et bonnes pour la santé.
     

  • Passer de la mise en avant de l’agriculture biologique à la valorisation de pratiques agricoles respectant les conditions de vie des agriculteurs à l’échelle locale.
     

  • Passer d’un discours sur l’agriculture en général à la mise en exergue de la nocivité de l’agriculture industrielle, exploitant les animaux.


 

Narratif  à mobiliser :
 

  • Conscients des enjeux de revenus des agriculteurs et comprennent leurs revendications parce qu’ils les vivent : il faut donc leur montrer quel modèle défend l’agriculture la plus durable pour les agriculteurs.

     

Angles à privilégier : 

  • Un terrain à défendre sur la question des élevages intensifs, du bien-être animal et globalement sur l’agroindustrie.
     

  • Valoriser la souveraineté alimentaire locale permettant de donner accès à des produits sains et de qualité, accessibles au plus grand nombre.
     

  • Définir ce qu’est l’alimentation durable pour faire converger santé et environnement ;

  • Faire de la cuisine à domicile un acte militant pour une alimentation durable.
     

  • Faire évoluer les représentations sociales autour de la viande, du régime végétarien, du bio… Quels sont les mécaniques symboliques, narratives, esthétiques, qui façonnent les représentations des régimes alimentaires ?

Pistes d’action :

  • Sur les réseaux sociaux, mobiliser des agriculteurs des réseaux paysans pour qu’ils rappellent l’importance d’une agriculture qui soit pérenne pour eux, mais aussi pour produire une alimentation de qualité pour toutes et tous.
     

  • S’associer à de grandes chaînes particulièrement suivies (M6) pour proposer des contenus spécifiques dans de grandes émissions de divertissement (Top Chef, l’amour est dans le pré…) pour porter les messages.

 

Émetteurs entendus ces derniers mois sur les questions d’agriculture et d’alimentation : 

Agriculture : les Laissés pour compte perçoivent de manière plus prononcée les discours des journalistes et présentateurs TV. Les discours de l’Etat, des pouvoirs publics et des syndicats et représentants des mondes agricoles viennent ensuite, à des niveaux équivalents. Cela reste toutefois très en-deçà de la moyenne des Français.

​Alimentation : une majorité d’entre eux n’ont tout simplement pas entendu parler d’alimentation ces derniers mois. Pour ceux qui ont entendu parler de ces sujets, les journalistes et présentateurs TV, les enseignes de supermarchés et les associations de protection de l’environnement sont les 3 émetteurs les plus cités, mais à des niveaux qui restent faible comparativement au reste de la population et dans l’absolu.

Comment parler agriculture et alimentation ?

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