Les
Identitaires

1. Agriculture
2. Alimentation
3. Recommandations

A propos de la transition agricole :
Je suis attaché très à l'agriculture et m'oppose à tout ce qui pourrait l’entraver (imports de produits étrangers, normes).

A propos de la transition alimentaire :
Moins entouré de personnes mangeant végétarien ou végétalien, je suis le groupe qui a la moins bonne image des personnes ayant ces régimes alimentaires.

Ce travail repose sur la segmentation de Destin Commun en 6 familles de valeurs.

1. Rapport à l'agriculture : préserver le mode de vie de nos agriculteurs

En cohérence avec leur attachement à l’identité et à l’héritage français, les Identitaires considèrent à 94% que l’agriculture est une composante essentielle de l’identité française. Si la très grande majorité des Français partage cette analyse, ils constituent, avec les Stabilisateurs (96%), l’un des segments de la population qui associe le plus l’agriculture avec cette qualité.

Les agriculteurs sont ainsi une figure de référence, qu’ils soient céréaliers, apiculteurs ou vignerons. Les petites exploitations agricoles sont particulièrement appréciées par cette famille de valeurs qui a la meilleure image des agriculteurs dans leur ensemble, sur l’ensemble des spécialités testées.

En lien avec cet attachement au monde agricole, c'est la famille la plus inquiète de la baisse du nombre d’agriculteurs (92%), inquiétude qui peut trouver son explication dans le sentiment de perte d’identité qui caractérise ce segment de population.

On note un très fort soutien aux mobilisations agricoles de l’hiver 2024 et le rejet des normes qui s’appliquent au secteur, jugées trop exigeantes, qu’il s’agisse des normes sanitaires, environnementales ou en matière de bien-être animal.

Ce rejet des normes n’empêche pas pour autant les Identitaires de penser qu’il est important, voire prioritaire pour l’avenir de l’agriculture de mieux tenir compte des changements climatiques, du bien-être animal notamment ainsi que d’augmenter les aides pour les agriculteurs en général. Ils considèrent aussi particulièrement important pour eux d’interdire l’import de produits étrangers ne respectant pas nos normes sanitaires et environnementales

Les Identitaires considèrent l'agriculture particulièrement en phase avec l’environnement. Objet de fierté et de rayonnement de la culture et du terroir français, ils sont attachés à ne pas remettre en cause la manière dont elle existe aujourd’hui et à tout ce qui pourrait l’entraver (importations de produits étrangers, normes, etc.). C'est ainsi une des familles de valeurs les plus en phase avec l’idée de produire plus pour exporter.

Cette position est le reflet d’une certaine défiance envers le système, que l’on peut comprendre en interrogeant les sources des principales difficultés rencontrées par les agriculteurs. La grande distribution (83%), la mondialisation (86%), l’État et les pouvoirs publics (82%) ou encore l’UE (82%) sont particulièrement pointés du doigt par les Identitaires comme étant les principales sources des difficultés rencontrées aujourd’hui par les agriculteurs.

Ils ne sont pas fondamentalement opposés avec l’idée que l’agriculture doit se tourner vers des modèles plus écologiques protégeant la biodiversité par exemple et ne considèrent pas inutile de mieux accompagner la conversion en agriculture biologique. En termes de modèles, ils donnent aussi de l’importance à la multiplication des débouchés des agriculteurs, notamment dans le cadre de la production de biomasse, d’ENR, etc. La finalité de leur engagement tient à l’idée que ce qui est fait pour l’agriculture doit bénéficier au petit agriculteur à échelle locale, qui assure une production de qualité, perpétrant une forme de tradition, ancrée dans le territoire.

2. Rapport à l'alimentation : le local, le fait maison et l'achat direct aux producteurs privilégiés

Dans la mesure où l’agriculture représente un marqueur identitaire important, les Identitaires souhaitent voir une amélioration de l’agriculture pour favoriser les produits issus d’une production française. Leurs positions souverainistes se traduisent aussi dans l’attachement aux circuits courts, à la provenance et plus largement à la question de la sécurité alimentaire du pays.

Leur attachement aux agriculteurs se traduit dans leur consommation. Les Identitaires sont très attachés au fait maison, à la consommation locale et en direct des producteurs. Comme pour le reste de la population, cette manière de consommer est pour eux un vecteur de soutien des producteurs. Il est d’ailleurs à noter que les Identitaires sont ceux qui ont le plus fait évoluer leur manière de consommer suite aux manifestations agricoles de l’hiver 2024.

Ce goût du local et du lien avec le producteur se traduit dans le fait qu’ils déclarent particulièrement vouloir aller faire leurs courses dans un marché, dans une ferme ou chez un producteur s’ils avaient un surcroît de revenu de 50€ par personne et par mois.

Leur espace social alimentaire est peu propice à la réduction de viande, les Identitaires étant moins entourés que les autres par des personnes mangeant végétarien ou végétalien. Ils ont d’ailleurs une image plus négative que les autres des personnes adoptant ces régimes.

On note toutefois que les Identitaires font partie du pôle du changement vers le moins de viande, se positionnant en 3e position dans les familles de valeurs se déclarant disposées à réduire leur consommation de viande.

Par ailleurs, changement majeur pour eux ces dernières années : leur engagement dans l’idée de réduire leur consommation de viande. On note une évolution de 12% du nombre d'Identitaires indiquant avoir réduit leur consommation de viande entre 2021 et 2024. Cette baisse déclarée indique une progression significative de la norme sociale autour de la consommation de viande. Elle s’explique surtout pour des raisons de santé, les Identitaires étant la famille de valeurs la plus âgée.

Le bien-être animal est quant à lui une priorité pour l’agriculture mais ne justifie pas particulièrement la baisse de consommation de viande.

Enfin, leur engagement rejoint celui des Militants désabusés : ils sont prêts avant toute chose à se mobiliser pour une meilleure transparence de l’industrie agroalimentaire sur les marges effectuées sur la transformation et la fabrication.

3. Recommandations : comment leur parler d'agriculture et d'alimentation ?

Opportunités sur lesquelles s’appuyer :

Le conservatisme et l’attachement aux agriculteurs est une clé de compréhension majeure des Identitaires. À ce titre, les agriculteurs peuvent constituer des émetteurs intéressants car pouvant porter un discours jugé “vrai” et de bon sens.
L’attachement à la figure d’Epinal de l’agriculteur incite à mettre sur pied une communication qui place l’échelle humaine et locale au centre du dispositif, en soulignant les effets positifs d’une pratique agricole qui soit à l’écoute de la nature, de la biodiversité, de la qualité des sols, mais aussi de l’environnement quotidien des citoyens, qu’ils se trouvent en milieu rural ou en ville. Le made in france, les AOC, les IGP, etc. constituent des leviers d’engagement intéressants.
Insister sur l’argument santé pour inciter au moins de viande, valoriser l’apport en protéines d’un menu plus flexitarien, en déconstruisant les représentations masculinistes autour de la viande.

Ecueils à éviter :

Éviter d’aborder frontalement le discours sur l’environnement. Préférer un discours sur la terre, la tradition, sans pour autant nourrir un discours anti-changement.
Ne pas donner le sentiment que l’on va renverser l’ordre établi. Il faut plutôt montrer que la question environnementale fait le lien avec la préservation d’un mode de vie durable, qui dessine des futurs souhaitables au sein des territoires.
Assumer le discours sur la sécurité alimentaire pour le connecter à la préservation de notre environnement naturel, sans pour autant qu’il abonde en faveur d’un discours trop souverainiste.

Déplacements à opérer :

Passer d’une communication sur la consommation de viande à la valorisation du terroir végétal
Passer de la valorisation du label bio à la bio comme soutien à la petite agriculture locale
Passer d’une communication sur l’agriculture et l’environnement à des exemples très concrets impactant les paysages et le patrimoine, ancrés dans un territoire identifiable

Narratif à mobiliser :

La préservation de nos terroirs culinaires et paysagers passe par la préservation de notre environnement et du bien-être animal.

Angles à privilégier :

Valoriser les initiatives locales préservant les paysages, l’excellence agricole française (AOC, AOP, IGP…).
Parler gastronomie, utiliser ce levier pour rendre visibles des traditions non carnées, plus soucieuses de la préservation des paysages et du bien-être animal.
Donner la parole à ceux qui vivent la crise climatique sur le terrain : agriculteurs, éleveurs etc.
Reconnecter la question de la souveraineté à celle d’une production agricole de qualité, moins dépendante des importations.
Capitaliser sur le levier santé et la parole des médecins pour faire advenir un changement de comportement.

Pistes d'action :

Raconter des belles histoires locales de paysans s’engageant dans de nouvelles pratiques.
Mettre en avant des chefs reconnus cuisinant sans viande, dans des lieux emblématiques (Cité de la gastronomie, cité du vin, etc.).
Faire émerger des personnalités végétariennes auxquelles ils peuvent s’identifier (acteurs, sportifs, etc.).
Organiser des portes-ouvertes de fermes, de lieux de production.

Émetteurs entendus ces derniers mois sur les questions d’agriculture et d’alimentation :

Agriculture : leurs proches et les syndicats et représentants du secteur agricole sont les émetteurs qu’ils ont le plus entendu parler d’agriculture ces derniers mois.

Alimentation : aucun acteur fort n’émerge particulièrement dans leur environnement. Même si les journalistes et les enseignes de supermarchés occupent une place importante, cela ne les différencie pas particulièrement du reste de la population. Rappelons à ce titre que les Identitaires sont très engagés dans le tissu local et qu’ils parlent d’agriculture à leurs proches.